L'intelligence artificielle générative s'est invitée dans nos vies. On en parle partout, tout le temps. Son impact sur les entreprises, et plus précisément sur les ressources humaines, reste pourtant méconnu.
Pour près de 50 % des entreprises interrogées, le digital représente un défi de taille en matière de développement des compétences de leurs employés. Alors, les employeurs sont-ils prêts à l'utiliser et à saisir cette opportunité ? Plus globalement, ont-ils déjà sauté dans le train de la digitalisation ou préfèrent-ils encore le papier ? Selon l'étude réalisée par le Secrétariat social UCM auprès de 132 employeurs entre le 26 août et le 30 septembre, 53 % des entreprises n'ont toujours pas intégré l'IA générative dans leurs processus, ce qui montre que le chemin vers la digitalisation est encore long.
C'est un peu l'image d'un casse-tête qui n'a pas encore été résolu. Ou du serpent qui se mord la queue. Quand on leur parle d'intelligence artificielle, les entreprises interrogées par UCM semblent déboussolées. Particulièrement dans le domaine des ressources humaines tant le sujet est vaste et ses implications sur le terrain encore floues. Ce qui donne un discours paradoxal de la part des chefs d'entreprise. Selon le baromètre RH d'UCM, c'est par exemple le manque de compétences en interne qui freine le plus le développement de l'IA en entreprise, loin devant le temps et le budget. Pourtant, seuls 2 % des répondants organisent des formations à l’utilisation de l’IA pour leur personnel.
Ce doute est encore présent lorsqu'on demande aux dirigeants si l'IA va transformer leur secteur. Pour un sur trois (35 %), peu ou pas du tout alors qu'un sur quatre (24 %) pense l'exact opposé. Si on en parle beaucoup, la technologie des IA génératives (type chat GPT) n'est pas encore utilisée dans une société sur deux. 36 % des patrons répondent que leurs employés peuvent l'utiliser dans les limites fixées par l'entreprise alors que seuls 6 % des répondants l'utilisent systématiquement pour certaines tâches. D'un point de vue du recrutement, 33 % des sondés se disent ouverts à l'idée de screener des CV grâce à l'IA, quand un sur huit se dit carrément prêt à y avoir recours pour des entretiens d'embauche. Avec toutes les questions que cela pose quant aux biais désormais connus de l'IA.
Les employeurs sont donc bien conscients qu'ils sont probablement à un tournant. Ils pointent d'ailleurs que la digitalisation leur fait gagner du temps, leur permet de mieux gérer leurs données ou encore d'être plus efficaces d'un point de vue opérationnel. Mais la moitié d'entre eux considère également qu'elle pose un défi en matière de développement des compétences des salariés. Pour un sur trois, le digital a même déjà entrainé un changement de business model !
Reste que l'emploi dans les PME est particulièrement qualitatif, les dirigeants affirmant à 76 % que la digitalisation ne devrait pas entrainer de licenciements. Un résultat qui grimpe à plus de 80 % quand on se concentre sur les sociétés de moins de 20 salariés. Pour eux, la digitalisation semble donc davantage être une opportunité qu'une contrainte. Même s'ils n'en saisissent pas encore tous les contours.
"Cette étude démontre combien les employeurs sont conscients des enjeux de la digitalisation, qui demeure néanmoins une grande inconnue, tant dans son contenu que dans ses effets. Les employeurs n’envisagent pour autant pas de bouleversement profond en termes d’emploi, qui conserve une attention toute particulière à leurs yeux", note Marc Boumal, directeur des ressources humaines chez UCM. Les entreprises et leurs salariés ont cependant besoin d'être accompagnés et formés sur le sujet. C'est primordial. Le risque, demain, n'est pas que le personnel d'une entreprise soit remplacé par l'IA. Mais bien qu'il soit remplacé par du personnel plus compétent qui sait l'utiliser et la valoriser.
"Cette étude renforce notre conviction patronale. La transition digitale est un enjeu de taille pour toutes les entreprises. Elle révèle le besoin des employeurs en ressources compétentes et formées. Défi rendu plus prégnant encore par le développement des IA", conclut Caroline Cleppert, secrétaire générale UCM.