« Ca passe ou ça casse », cela pourrait être, en résumé, le sentiment de près de 8 commerçants indépendants sur 10 à l’aube des soldes d’hiver qui commenceront ce mardi 3 janvier. A la baisse du pouvoir d’achat des clients, acculés par leurs propres factures énergétique, s’ajoutent les factures des énergies, l’indexation du salaire des collaborateurs et une incertitude totale lié à l’actualité géo-politique.
Ce ne sont pas moins de 500 commerçants wallons et bruxellois qui ont répondu à nos questions. Ils sont actifs dans les secteurs qui organisent traditionnellement des soldes, soit l’équipement et les soins de la personne mais aussi la décoration.
Nous avons comparé les résultats de ce sondage 2022 avec les chiffres obtenus en 2019, qui est une année similaire, hors crise sanitaire et énergétique.
Les résultats ne sont pas bons, c’est le moins que l’on puisse dire. Environ deux commerçants sur trois (64.2 %) déclarent que leur chiffre d’affaires a reculé ces six derniers mois. Moins de rentrées financières est équivalent à moins de trésorerie et des difficultés accrues pour payer les fournisseurs, le personnel et se rémunerer équitablement.
Autre indicateur d’une santé commerciale fragilisée : la crainte pure et simple de la perte de l’entreprise. A cette question, plus de 3 commerçants sur 4 (76.1 %) craignent aujourd’hui de devoir mettre la clef sous le paillasson. Cet état d’esprit ne touchait que 5.2 % de ces mêmes commerçants avant la crise sanitaire. Le pourcentage a ensuite grimpé, depuis la crise covid, à 18.7 % et 52.1 % aux prémisses de la crise énergétique.
Des tringles bondées et un stock plus important. Du moins chez plus d’un commerçant sur deux (55.1 %) par rapport au même moment les années précédentes. Cela veut dire du choix pour les clients et surtout des soldes qui seront proposés d’entrée de jeu à - 50 % par plus de plus de trois commerçants sur 10. C’est quasi inédit puisque d’habitude, les ristournes d’entrée de soldes sont moindres (autour de - 30 %). Cela dit, plus de quatre commerçants sur 10 (42.8 %) déclarent avoir fait des promotions en décembre, ce qui pourrait amortir le choc de prévisions négatives en terme de vente puisque près d’un commerçant sur deux anticipe des ventes moins importantes.
La gestion du stock est devenue un poste difficilement gérable pour les commerçants. La collection soldée en hiver est achetée (et payée) des mois auparavant. Qui aurait pu croire que le monde allait basculer dans ce chaos ?
Depuis le début de la crise énergétique, UCM relaie le désarroi des indépendants en général et des commerçants en particulier. Le résultat de ce sondage enfonce le clou puisque le poste « électricité » pour 84.6 % des commerçants est le plus important et représente 80 % des nouvelles dépenses énergétiques. Les frais liés à la logistique, au carburant, au gaz, à l’indexation des salaires, au prix des matières premières et au chauffage complètent ce tableau déjà bien pessimiste. En moyenne, le montant des charges totales des commerçants a augmenté de 20 %.
Survivre à quels prix ? Déjà à celui du changement. Les commerçants questionnés (75 % d’entre eux) ont, en effet, diminué la température de leur commerce et 66 % éteignent les enseignes lumineuses en dehors des heures d’ouverture. Parallèlement, ils ont investi dans l’éclairage (48.5 %) et le chauffage (41.4 %).
Si les commerçants avaient réussi à sortir de la crise sanitaire, la guerre en Ukraine – et ses multiples répercussions – est un nouvel obstacle sur leur chemin. Cela dit, ils ont besoin d’aide ! Actuellement, ils sont submergés par l’inventaire, la mise en place en rayons, l’indexation des salaires et l’arrivée des factures de régularisation. Le mur de janvier, c’est dans quelques heures.
UCM estime que les pouvoirs publics doivent être proactifs et accompagner les indépendants et aller à leur rencontre, d’une manière ou d’une autre, au travers de campagnes de communication. Le secteur du commerce est plein de bonne volonté, est prêt à se remettre en question, mais il est très fragile et ne fera pas ça tout seul.