UCM, Unizo et Graydon ont publié leur analyse annuelle des comptes des PME pour l'année 2020. Après neuf mois de crise Covid, les chiffres sont extraordinairement bons ! Il y a davantage d'entreprises, moins de faillites, une rentabilité en hausse, des dettes en baisse… Il va de soi que ces résultats ne doivent pas être interprétés de façon traditionnelle. Ils reflètent une rupture économique… et la sagesse des dirigeants de PME.
En 2018, les PME avaient dégagé 39,1 milliards d'euros de bénéfices après impôts, pour ainsi dire intégralement redistribués. En 2019, les bénéfices ont atteint 51,6 milliards mais 28,3 milliards seulement ont rémunéré les dirigeants qui ont donc accepté une importante diminution de leur "salaire".
Les 23,3 milliards restants ont été mis en réserve pour amortir le choc de la crise. Cette somme considérable, ajoutée aux aides régionales et fédérales, a permis à de nombreuses entreprises de tenir le coup. La proportion d'entreprises déficitaires n'en a pas moins augmenté considérablement, jusqu'à 45 % dans l'horeca ou 31 % dans le commerce de détail.
Les chiffres 2020 indiquent une baisse de l'endettement global des PME. Une analyse plus fine montre que ce sont les emprunts à court terme, ceux qui financent la production, qui ont fortement diminué. Il ne s'agit donc pas d'un désendettement, mais d'un effet collatéral de la baisse de la demande et des commandes.
Une autre donnée choquante est l'amélioration de la rentabilité par rapport au coût du travail. Cela ne signifie pas que les méthodes de production se seraient subitement améliorées, mais que le chômage corona a permis aux PME d'utiliser au mieux leur main-d'œuvre salariée lorsque le travail était possible.
Pour Eric Van den Broel, analyste Graydon, "nous devons sortir en 2020 du schéma traditionnel d'analyse qui montre une amélioration ou une détérioration de la conjoncture. Nous avons vécu une rupture et si les chiffres indiquent que les PME ont plutôt bien résisté grâce aux aides publiques et à leurs efforts propres, rien n'est encore gagné."
"Il ne faut pas baisser la garde. Nous devons maintenir des aides et poursuivre le moratoire de fait sur les faillites, ajoute Arnaud Deplae, secrétaire général UCM. La crise sanitaire n'est pas finie et de nouvelles difficultés ont surgi : inflation et hausse des salaires, flambée des prix de l'énergie et de certaines matières premières, pénuries de main-d'œuvre… Les PME ont un rôle essentiel à jouer pour permettre la transition économique vers le digital et le durable. Les chiffres montrent qu'on peut compter sur elles, mais elles ont besoin de soutien."