A l’occasion de la journée internationale des droits de la femme, UCM a interrogé les entrepreneurs wallons et bruxellois.
L’analyse selon le genre donne une photo du statut de cheffe d’entreprise et les conditions dans lesquelles la femme exerce son métier. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le chemin est parsemé d’embûches, au-delà de leur homologue masculin.
L’accompagnement reste essentiel.
En 2021, 27.238 entreprises ont été créées par une femme contre 39.589 créations par un homme. C’est un bel accroissement depuis une dizaine d’années, même si l’écart avec les hommes se marque encore.
Cela représente 267.000 femmes indépendantes à titre principal, elles sont majoritairement flamandes, talonnées par les wallonnes puis les bruxelloises. Les femmes cheffes d’entreprise d’origine étrangère restent sous représentées. Elles ne sont qu’une sur 4 alors qu’elles sont une sur 3 sur l’ensemble des indépendants.
Sans tomber dans la caricature extrême, il est alarmant de constater que la femme qui embrasse une carrière de cheffe d’entreprise ne part pas sur la même ligne que son homologue masculin. De nombreux stéréotypes et préjugés persistent encore, allant même jusqu’à mettre en doute la capacité d’être à la tête d’une entreprise. Pour un certain nombre d’entre elles, ces embûches se trouvent au sein de leur foyer, dans l’entourage proche et dans la tête de potentiels partenaires professionnels.
Découvrez l'état des lieux d’une enquête menée par notre service d’études, à laquelle 720 indépendant.e.s à titre principal ont répondu, dont 43 % de femmes.
La femme entreprend dans :
- le secteur des services (57.1 %)
- les professions libérales et intellectuelles (45.6 %)
- le commerce (34.7 %).
Deux entreprises en personne physique sur 5 (40 %) sont créées par des femmes. De manière générale, la femme souffre de l’opinion qu’elle a d’elle-même et mesure difficilement ses capacités à diriger une entreprise, même si elle ne doute pas de son choix d’être indépendante.
Trois femmes sur 10 (35 %) ne s’imagineraient jamais dans une autre profession. Ce frein qu’elle s’impose est nourri au sein même de la maison puisque qu’à peine une femme sur cinq (19,8 %) en couple, déclare être aidée par son conjoint.
Une proportion qui monte à 28,9 % chez les hommes aidés par leur partenaire. Dans le même ordre d’idées, plus d’une femme sur trois (37,3 %) déclare s’occuper des enfants tous les jours pendant que cette tâche est effectuée par un homme sur cinq.
Constat inquiétant : la médication de la cheffe d’entreprise
Plus de 4 entrepreneurs sur 5 ressentent du stress et de l’anxiété.
Parmi ceux-ci, 86.6 % sont des femmes. Alors qu’elle se déclare en relative bonne santé, la femme travailleuse indépendante a souvent recours à une médication ciblée (anti douleurs, somnifères et antidépresseurs) plus importante qu’un homme.
Or, le bien-être de la femme cheffe d’entreprise est intimement lié à sa réussite professionnelle. Tout le paradoxe de la situation.
Point d’attention
Le déséquilibre des revenus financiers professionnels, même si le niveau des revenus des femmes augmente plus vite que celui des hommes.
En 2021, les revenus professionnels annuels des indépendants à titre principal s’établissaient à 30.280,2 euros. Les femmes gagnaient en moyenne 24.625,9 euros, soit quelques 5.600 euros en moins par rapport à la moyenne. Si l’on compare avec les hommes, ce différentiel passe à 8.424,6 euros, en faveur des hommes. L’inégalité de revenus entre hommes et femmes indépendants est plus grande en Flandre par rapport à la Wallonie. On se rapproche de l’égalité à Bruxelles.
Parallèlement, la femme travaille plus souvent seule que l’homme (57.3 %), une proportion qui tombe à 34.3 % pour les hommes. Elle éprouve moins de difficultés à recruter, gère plus facilement la vie interne de son entreprise, ses contacts avec les fournisseurs et la logistique liée à la livraison de fournitures.
Que nous enseigne cette étude ?
- L’entrepreneuriat des femmes est essentiel pour l’équilibre et le développement économique de notre société.
- L’indépendante passionnée et déterminée est souvent très impliquée dans son activité, vecteur d’épanouissement pour la plupart d’entre elles.
Elles sont d’ailleurs nombreuses à déclarer « ne pas pouvoir s’imaginer faire une autre profession ».
Cependant, il est important qu’elles soient entourées. Au sein de la cellule familiale où le risque de solitude et de charge mentale est plus élevé, par ses partenaires professionnels, par son réseau.
Etre accompagnée est impératif. Le Réseau Diane a toute sa raison d’être, là où elle trouve un mentor, du soutien et peut partager son expérience ou trouver des formations thématiques appropriées. - La prévention reste cruciale : un indépendant sur 5 estime être en état de très mauvaise santé mentale.
Pour rencontrer les difficultés de bien-être des indépendantes, UCM s’est associée à SenseCare pour proposer des outils de sensibilisation et d’accompagnement via le programme Icarius - j’entreprends mon bien-être.